La sécurité sociale est en crise. Cela fait trente, quarante ou cinquante ans qu’on le dit.
Mais on nous parle toujours du déficit de la sécurité sociale. Et si la question essentielle n’était pas là, mais dans l’abandon progressif des intentions qui ont présidé à la création de la Sécurité sociale, notamment la solidarité et la perspective d’une société juste ?
Colette Bec, auteur de La sécurité sociale. Une institution de la démocratie (Gallimard 2014), et également De l’Etat social à l’Etat des droits de l’homme ? (Presses universitaires de Rennes 2007) situera le contexte historique et les enjeux de la création de la sécurité sociale après la seconde guerre mondiale : il s’agissait d’une institution de la démocratie qui cherchait à se réinventer, après les bouleversements de la guerre, « une démocratie capable d’aménager un cadre permettant l’émancipation individuelle ». Mais rapidement les corporatismes l’ont emporté, tendant à réduire l’ambition initiale à un processus d’assurance, dont le financement ne cesse de poser problème.
Comment dépasser les impasses actuelles ? Colette Bec invite à repartir des droits humains fondamentaux, mais en les traduisant dans de véritables politiques sociales. Cela implique que le politique reprenne ses droits qu’il a abandonnés à l’économisme ambiant dominateur.
